vendredi 16 août 2013

Au revoir.


Impossible de trouver le sommeil, il est déjà 3h30 et je tourne et re-tourne dans mon lit depuis maintenant trois bonnes heures.
Plus que deux petits jours, et qui sait quand je reverrai l’Inde à nouveau ?
J’ouvre la fenêtre de ma chambre, il pleut à grosses gouttes. J’oublie mes bonnes résolutions et allume une cigarette. Mon crâne me fait terriblement mal. Je crains une nouvelle montée de fièvre.Où peut-être, ai-je envie d’une nouvelle montée de fièvre...? Une fièvre qui me retienne ici encore quelques jours de plus.
Un singe vient se poser sur le rebord de la fenêtre à côté. J’ai l’impression qu’il me regarde. Mais lorsqu'on est mélancolique, on a le sentiment que même l’herbe essaie de nous communiquer un message.

J’ai souvent entendu dire «  L’Inde, on l’aime ou on la déteste ».
Je ne crois pas que cette phrase soit juste. Le plus exact serait de dire « L’Inde, on apprend à l’aimer ».
Les premiers jours sont les pires (souvenez vous de mes premiers articles) : la moindre différence nous effraie, le moindre regard nous donne le sentiment d’être persécuté. On se sent arnaqué par tous les indiens, on ne sait pas quoi manger. La pauvreté nous accable de culpabilité. On n'ose pas mettre un pied dehors. On ne se sent pas en sécurité. 
Puis, un matin, on franchit le seuil de la porte, on lance une pomme au petit habitant qui vit devant le portail, on salut le maître du temple hindou voisin, on prend des nouvelles du vendeur de tabac. On se fait offrir un chaï par la pharmacienne du coin. On ferme les yeux et se rend compte que l’on peut ainsi traverser tout le quartier sans risque. On se sent, en sécurité. Plus que tout, on se sent important et apprécié.

« L’Inde est le pays d’Asie qui n'a rien à voir avec le reste des pays d'Asie », voilà ce que je n’ai cessé d’entendre de la part de divers voyageurs, mais aussi des expatriés qui ont décidé d’y faire leur vie.
L’avantage de  l’Inde, c’est qu’on peut y vivre à l’occidentale, tout en ayant la possibilité de se rappeler constamment pourquoi on a fait le choix de ne pas vivre en occident.
Les indiens sont polis, chaleureux et si souriants. Comment ne pas se prendre d’affection pour leurs regards ténébreux ;  un regard qui vous prend les tripes et peut vous empêcher de dormir parfois pendant des heures ...

Un bruit dans la cuisine me ramène à la réalité. Je jette ma cigarette pour aller voir ce qu’il en est. La, je la vois, cette petite souris qui fait des dégâts dans la cuisine depuis bientôt plus d’un mois. Elle ne bouge plus, comme si elle savait qu’elle n’avait plus à avoir peur de moi car mon départ est imminent.
Pendant plusieurs semaines, j’avais prié Ramu de mettre des pièges à souris partout, mais il n’avait jamais pu s’y résoudre – « réincarnation », me chuchotait-il. On ne tue pas les animaux ici, on les met à la porte. Rien de moins évident dans le cas d’une souris.
Du coup, j’avais appris à vivre avec, en prenant l’habitude de marcher avec des pas très lourds dans tout l’appartement , comme pour l’avertir de mon arrivée .Bien souvent, je la voyais défiler à toute vitesse entre mes jambes. Aujourd’hui, elle préfère me regarder. J’éteins la lumière. Tant pis, il va falloir une autre cigarette.

Le singe est toujours là.  Je ferme les yeux et pense alors très fort au concert d’Eminem qui m’attend. A mon vol pour Ibiza.  Mais cela renforce tout à coup ma culpabilité. Je fais le calcul, une place pour le concert d’Eminem revient à plusieurs mois de salaire pour un Indien moyen. Puis, je pense à ma famille et mes amis et j'ai soudain hâte de rentrer.

Il est maintenant 4h30 du matin. Je lance ma série préférée, dans l’espoir de faire cesser toute réflexion cérébrale.
Je me rassure en me disant que bientôt ces moments seront loin derrière moi, je cesserai de culpabiliser, je retrouverai mes anciennes préoccupations (que vais-je porter aujourd’hui ? comment maximiser mon bronzage ? ce jean me va t-il bien ? quel sera mon prochain stage ? vais-je avoir une bonne note à mon prochain contrôle ?) et ce voyage n’aura rien changé. D’ailleurs, comment deux mois passés à l’étranger pourraient –il changer une vie ? ça n’arrive jamais ce genre de chose !
Et puis l’instant d’après, je m’en veux d’avoir même tenté de me rassurer ainsi. 

L’Inde est un pays magnifique, à tout point de vu. Je conseillerais à n’importe qui de venir y voir ses temples, ses forts, ses jardins, ses danses, ses cuisines et ses habitants.
Lorsqu’il faut la quitter, on inspire alors un grand coup et , comme à la fin d’une belle histoire d’amour, on se convint que cela marque le début de nouvelles aventures. 





jeudi 15 août 2013

Les petits conseils pour les grands voyageurs


Il ne me reste plus que 3 jours à passer en Inde et je pense que c'est le moment pour moi de vous faire un petit debrief des choses à savoir quand on vient à Delhi !
Attention, ces remarques ne sont le fruit que de mon experience personnelle et ne sont à appliquer que dans le cadre d'un voyage de quelques mois à Delhi pendant les vacances d'été (durant d'autres périodes, les températures ne sont pas les mêmes, et la mousson n'est pas présente).
Il y a évidemment beaucoup d'autres choses à savoir et surtout beaucoup d'autres choses à visiter en Inde, mais je n'ai malheureusement pas eu l'opportunité de tout découvrir !










mercredi 14 août 2013

The Pink city, Capitale du Rajasthan


La gare est bondée et il est à peine 5h30 du matin. Pas le temps de chercher un panneau d’affichage, on demande au premier porteur de valises que l’on croise , sur quel quai notre train est-il sensé arriver – ‘si tu es perdue dans une gare, dirige toi vers un porteur de valises et montre lui ton billet. Et puis bien sure, prie pour qu’il puisse te donner une réponse en anglais ’ me conseille Sonal.
Dans le train, on nous sert le thé, le petit déjeuner à l’indienne. Pour les indiens 4 heures de train est une petite distance, 8 heures de train est une distance banale. 
Nous voilà alors toutes les deux très excitées par l’expérience qui nous attend (mon excitation n’a pas fait long feu je l’admets, au bout d’une heure je m’endormais déjà tout en écoutant les histoires de Sonal).

10h30 : arrivée en gare de Jaipur. Un chauffeur de rickshaw vient nous chercher et nous suggère alors de nous faire faire les visites de la journée – « C’est parti mon kiki ! » nous lance t-il alors, fière de connaître une expression française.
Ni une ni deux, nous voilà alors lancées en plein cœur de Jaipur, la ville rose ou encore la ville où les festivals ne s’arrêtent jamais.

Ce dernier nous amène d’abord visiter le fort d’Amber d’où l’on peut admirer une vue imprenable.  La forteresse d’Amber est depuis le 12ème siècle la citadelle des Kachwahas, mais ce n’est qu’en 1590 que Raja Man Singh I fit construire les fortifications et de magnifiques palais. Vassal de l’empereur moghol Akbar, le Raja Man Singh I imita le style architectural moghol pour l’édification de la magnifique forteresse. Ces palais seront ensuite embellis par les autres Rajas.
Ici même ,je vois pour la première fois de ma vie, des éléphants et peux même en toucher un (il en faut peu pour m’impressionner ,c’est vrai).

Comme d’habitude, je suis l’attraction de beaucoup de monde : lorsque Sonal me prend en photo, tout le monde s’arrête de marcher et m’observe prendre la pause. Qu’en serait-il s’il s’agissait de Mickael Jackson ?? (Oui, je sais, il est mort, mais c’est la première célébrité qui m’est venue à l’esprit).
Après plusieurs heures de visite, notre fidèle petit guide nous amène voir le Water Palace, un palais orné d’or qui est dressé au milieu du lac Man Sagar. Nous passons ainsi une bonne heure à l’observer tout en savourant un morceau de maïs grillé.

Après avoir fait à nouveau le tour de quelques marchés du coin, nous nous dirigeons jusqu’au Sunder Palace (c’est juste le nom de notre hotel) où nous nous offrons un copieux dîner.
Inutile de préciser sans doute, qu’une seconde après avoir mis ma tête sur l’oreiller, je replongeais déjà dans les bras de Morphée.

Le lendemain nous dégustons un délicieux Lessi Malash (sorte de glace au lait écrémé), spécialité de la région, puis allons visiter le City Palace avant de nous faire un petit restaurant indien dissimulé au milieu d’étroites ruelles.
Le City Palace est notamment composé des palais Chandra Mahal et Mubarak Mahal. Les premières constructions ont été faites à l'initiative de Jai Singh II entre 1729 et 1732, époque où les murs extérieurs ont été construits. Des ajouts successifs ont été fait par la suite jusqu'au XXe siècle par divers dirigeants.

Notre train de retour nous contraint à quitter la ville assez rapidement. Cette fois,  c’est un train- couchettes qui fait 6 heures de route.
Malgré quelques petits désagréments avec le contrôleur, notre voyage se passe bien et Ramu , mon Népalais préféré, se fait une joie de venir nous chercher à la gare.


Un week-end bref, mais plein de petites aventures inoubliables.

jeudi 8 août 2013

L'Hindouisme, la plus ancienne religion vivante du monde.


En Inde ce n’est pas Big Brother qui « is watching you » mais Dieu. Pour avoir le bon karma, la bonne conduite, l’indien n’a qu’à bien se tenir, et la vie suivante il pourra monter d’un cran, d’une caste. En attendant demain que les jours soient meilleurs, il y a des millions de Dieux devant qui s’extasier. En voici ci-dessous un schéma simplifié que j'ai trouvé sur Internet (il est composé d'explications assez simples et ironiques, je trouvais qu'il était ainsi facile à comprendre et bien résumé).
Au panthéon védique se dressent en tête le Trimūrti, la structure de l’univers, Brahma, Vishnou et Shiva suivis de multiples avatars qui auraient au fil des années vulgarisé, pour certains, la religion hindou. Pour plus d’informations, veuillez vous adresser à un Brahmane ou un Baba, vieux sage aux cheveux sales et au sourire de papa réconfortant.


Je vais vous presenter ci-dessous les trois dieux les plus connus en Inde, en principe de force égale, reflet des trois aspects de la puissance divine : création, préservation, destruction.


BRAHMA 
C'est le dieu créateur de la matière et de l'univers. Il naît d'une fleur de lotus émergeant du nombril de Vishnu. Malgré son importance dans la trinité hindoue, il n'est que peu vénéré en Inde.
Assis sur un lotus, il a quatre têtes couronnées et quatre mains tenant respectivement la cuillère sacrificielle, les Védas, un pot d'eau et un rosaire.





VISHNU
Dieu conservateur de l'univers, il repose sur un serpent sans fin : le serpent Ananta. Dans son rêve, il prépare un nouveau cycle de vie. À son réveil, un lotus émerge de son nombril d'où sort Brahma pour créer un nouvel univers.
Vishnu, en tant que divinité suprême, est souvent représenté avec une carnation bleue et a généralement quatre bras. Il tient donc en même temps le disque solaire ou chakra (symbole des cycles de vie et de mort), la massue (la puissance de connaître), la conque (dont le son Aum symbolise l'origine de l'existence), et la fleur de lotus (image de l'univers).



SHIVA
Dieu destructeur, il dissout l'univers afin d'en créer un nouveau. Mais il est surtout un dieu ambivalent, à la fois destructeur et créateur, terrifiant et bienveillant. Il représente aussi la miséricorde et la compassion : c'est un ascète, un renonçant.
Shiva est peu vêtu, voire nu, car c'est un ascète. Il porte souvent une peau de tigre marquant sa maîtrise sur la nature. Il possède trois yeux (le soleil, la lune et le feu). Ses attributs peuvent être aussi nombreux que ses bras (de 2 à 18) mais on retrouve le plus souvent : le trident, symbole des trois fonctions de la Trimurti, le serpent, la hache et l'antilope.





Les autres divinités les plus vénérées sont Ganesh, fils de Shiva et de Parvati, le populaire dieu à tête d'éléphant ; Krishna et Rama(qui sont en fait des avatars de Vishnu), tous deux respectivement héros du Mahabharata et du Ramayana ; Hanuman, le dieu singe, fidèle allié de Rama ; Durga, la déesse-mère dont toutes les autres déesses ne sont que des représentations ;  Lakshmi, déesse de la prospérité et compagne de Vishnu ; Kali, la Noire, la représentation de la déesse-mère sous sa forme la plus terrifiante ; Saraswati, déesse des arts et des artistes ; mais encore Ganga, Gayatri, Indra, Parvati, Surya…

Aujourd’hui, tous les Dieux et Déesses ne suscitent plus la même dévotion de la part des fidèles. Certains Dieux sont tombés en désuétude, tandis que d’autres viennent occuper une place prépondérante. Ainsi le culte de Brahma n’est pratiquement plus assuré ! Tandis que celui de Vishnu ou de Ganesh deviennent de plus en plus importants.



Voilà, concernant les Dieux ! J'ai essayé de rassembler les différentes informations que l'on peut trouver sur Internet , pour n'en faire qu'un seul article.
Il me semble que si vous retenez cela, votre connaissance concernant l'hindouisme surprendra plus d'un indien ! Savoir distinguer ces trois Dieux lorsqu'on les voit (et en Inde, des images à leur effigie sont présentes partout) fait un très bon effet !


mardi 6 août 2013

Mon premier week-end d'Août.


N.B : J'ai décidé de ne pas afficher les prénoms de certains de mes amis indiens, pour préserver leur identité.

A., l’un des stagiaires avec qui je m’entends bien, se propose de m’amener à Gurgaon, une ville au niveau de vie bien plus élevé que Delhi (à en croire les décors). Je colle mon nez contre la vitre du métro (oui, le métro existe en Inde, même qu'il y a tout un wagon réservé uniquement aux femmes) pour observer les buildings qui défilent devant nous. C’est la première fois que j’en vois depuis mon arrivée.
Delhi a beau être la capitale, cela n'en fait pas la ville la plus développée du pays (rappelons nous qu’elle est également surnommée la capitale du viol..).
Je ne suis heureusement, pas venue à Gurgaon pour me contenter d’admirer les buildings que je vais très vite retrouver à Paris.
A. , accompagné de son ‘brother’ (qui n’est en fait pas son brother du tout, mais en Inde , ils ont l’habitude d’appeler leurs amis proches brothers & sisters) m’emmènent donc au Kingdom of Dreams (rien que le nom fait rêver). Une sorte d’énorme palace dédié à la découverte des différentes cultures de l’Inde. A l’intérieur s’enchaînent donc des spectacles de danses associées à différentes religions,  on peut également manger multiples variétés de nourriture  et s’acheter toutes sortes de vêtements plus originaux les uns que les autres.
Je passe ainsi un agréable après-midi à me faire offrir du thé, de succulents plats mais également ...un massage du crâne (champi maalash en Hindi) !

A chaque fois que j’essaie de sortir ma carte pour payer quelque chose, l’un d’eux s’agace et insiste pour que je les laisse payer.
Je sais que pour moi, il ne s’agirait pas de grosses dépenses, et il m’est difficile de savoir ce qu’elles représentent pour eux, mais quoiqu’il en soit, je sais que la générosité et l’hospitalité sont des maîtres mots en Inde et qu’il ne faut pas s'y opposer.
En France, il est rare que l’on offre sans compter, et surtout sans espérer un retour.  Partager ses frites avec quelqu’un paraît parfois insurmontable, on préfère dire à ses amis d’aller s’en acheter d’autres.
En Inde, acheter un plat signifie le partager avec l’ensemble de ses amis, et refuser de le partager avec quelqu’un serait de l’impolitesse.


Le soir venu, retour sur Delhi. Ils m’amènent manger une glace aux pieds de l’Indian Gate puis me font découvrir le Bangla Sahib, un temple de culte Sikh. Je mets un foulard sur mes cheveux, me déchausse et pénètre donc dans l’enceinte .
Pour moi il s’agit avant tout d’un magnifique palais entouré par un bassin d’eau sensé soigné toutes les plaies (je l’ai tenté sur mes boutons de moustique, mais je pense qu’il faut un certain laps de temps avant que ça ne fasse effet) et dont l’intérieur est entièrement orné d’or jaune. Toute une cérémonie religieuse y a actuellement lieu, ce fut avec fascination que je pu l’admirer.
En me raccompagnant chez moi , A. (gentil, mais bizarre) me demande :
- Je peux dormir chez toi ?
Ayant l'habitude de ce genre de quiproquo depuis que je suis en Inde, je lui lance mon baratin habituel, sur le fait qu'être blanche , ne fasse pas de moi une fille plus gentille qui l'accueillera chez elle plus facilement. Il me sourit , acquiesce puis suggère "Peut-être le week-end prochain alors ?". Je claque la portière de la voiture, lassée d'être incomprise. 

Le lendemain, c'est Ramu qui a son tour veut me faire faire une visite de la ville. Il décide de m’amener au Zoo.  En réalité, c’était plus un parc géant dans lequel on pouvait observer quelques différents types d’oiseaux ou de petits animaux. En effet, la chaleur est telle que tous les animaux exotiques (j’entends par la , lion, tigre, éléphant, singe..) ont été retirés du Zoo. Mais la balade n’est pas désagréable et Ramu en profite pour se jouer de ma naïveté (ce n’est pas le premier, je doute que ce soit le dernier).

- Ça, Julia, c’est une gazelle, ça court très très très vite !
- Ah bon mais comment tu sais ??
- Un jour , au Népal, alors que j’essayais de chasser une gazelle parce que j'avais très faim, un lion est arrivé et leur a couru après. Mais il n'en n'a attrapé AUCUNE ! Depuis, je sais qu’il est impossible de chasser une gazelle tellement elles sont rapides...
- Quelle histoire Ramu (Me dis-je , tout en songeant à l'effet que ça fera dans mon prochain article) !!

Ramu éclate de rire devant mon visage ébahit .

- Je n’ai jamais chassé de gazelle Julia...j’ai vu qu’elles courraient vite dans un reportage sur Discovery Channel.